Mercredi 4 Juillet 2012 à 12:00
Elu président du Mexique, Enrique Pena Nieto a promis de poursuivre
la lutte contre les cartels et de rompre avec les moeurs historiques de
son parti en la matière. Corruption, connexions douteuses, le parti
Révolutionnaire Institutionnel a largement participé de la montée en
puissance des cartels. derrière la bonne volonté et son sourire
ravageur, le nouveau président mexicain pourrait bien n'être qu'un
pantin aux mains des cartels.
« Ce serait la pire des chose qui pourrait arriver au Mexique car il n est pas prêt et surtout il est ignare et corrompu »,
mort avant le scrutin, l’écrivain mexicain Carlos Fuentes n’aura pas eu
l’occasion de voter, mais son choix était fait, semble-t-il.
Le peuple en a décidé autrement. Avec ses airs de dandy propre sur lui
surgominé sourire ultra-bright, Enrique Pena Nieto a tout du gendre
idéal. Pourtant, le nouveau président mexicain traîne une réputation
autrement plus sulfureuse qui fait dire au magazine américain Foreign Policy que le « beau gosse mexicain est plus dangereux qu’il n’y paraît ».
Pour ses détracteurs, cet avocat de 45 ans, n’est que la face
médiatique et superficielle d’un retour des vieux démons de
l’autoritarisme et de la corruption ayant marqué une bonne partie de
l’histoire du parti dominant au siècle dernier.
Ayant
montré ses limites à diverses occasions lors de la campagne, notamment
sur la politique étrangère ou le montant du salaire minimum, incapacité à citer les trois titres de livres qui ont marqué sa vie, hormis la Bible évidemment…
Des bévues dignes des « meilleurs » candidats aux primaires américaines.
Président par défaut, l’élection d’Enrique Peña Nieto, est
largement dûe à l’échec de son prédécesseur, Felipe Calderón dans la
lutte contre le crime organisé qui a coûté plus de 60 000 morts au pays. Un phénomène que le New Yorker a qualifié de « guerre civile de basse intensité ».
Le nouveau président devra surtout montrer son aptitude à rompre avec
les méthodes habituelles de gouvernement du Parti révolutionnaire
institutionnel frappées du sceau du clientélisme et de la corruption. « La
lutte contre la criminalité va continuer avec une nouvelle stratégie
visant à réduire la violence et à protéger, avant tout, la vie des
Mexicains. Il n'y aura ni négociation, ni trêve » a-t-il promis sitôt les résultats des élections connus.
Reste le passage à l’acte, c’est que le PRI a un passif relativement
lourd en la matière. Dirigeant le pays de 1929 à 2000, c’est
essentiellement grâce à l’existence de connexions occultes entre
certains membres du PRI et les trafiquants que des groupes de
mercenaires se sont installés dans le pays, professionnalisant et
militarisant le trafic de drogues, pour faire régner peu à peu la
terreur dans le pays. Ministres, gouverneurs d’Etats, directeurs de
police judiciaire, militaires hauts-gradés, l’étendue des réseaux des
cartels est sans limites jusqu’aux « secrétaires particuliers des deux derniers présidents» ayant appartenus au PRI.
Un président dans les mains des cartels ?
Dans un article du Monde Diplomatique du mois de juillet intitulé « Mexico recule contre les cartels », le journaliste Jean-François Boyer donne un aperçu terrifiant d’un pays gangrené par les trafics.
La drogue n’est plus seulement exportée aux Etats-Unis, elle menace
l’Etat et ses institutions. Et de citer l’exemple anecdotique d’une
fouille effectuée par des policiers dans la prison d’Acapulco : une
centaine de kilos de marijuana, des télés, une vingtaine de prostitués
dorment avec les détenus, lecteurs CD, coqs de combats, paons royaux, le
animaux de compagnie préférés dans les cartels.
De multiples zones d’ombres demeurent néanmoins dans le CV trop parfait de ce président aux allures de gravure de mode.
En 2010, l’homme s’est remarié avec une actrice de telenovela
travaillant pour Televisa et rencontrée alors qu’elle participait au
tournage d’une des spots de promotion de sa campagne électorale dans
l’Etat de Mexico.
La connivence ancienne entre Enrique Peña Nieto
et Televisa, la principale chaîne de télévision mexicaine, a été un des
chevaux de bataille du mouvement étudiant #YoSoy132, apparu courant mai contre le retour du PRI au pouvoir. Selon le quotidien britannique The Guardian
qui a eu accès à à 200 pages de documents internes de Televisa, il se
serait ainsi assuré financièrement une couverture nationale favorable
dès 2005.
Surtout, Enrique Pena Nieto ne pourrait être
qu’un joli pantin présentable mais un président aux mains liés dans un
pays où les pouvoirs clientélistes locaux, notamment les gouverneurs des
Etats se comportent comme des seigneurs féodaux et cohabitent très bien
avec les cartels qu’ils ont contribué à installer.
À 45
ans, le PRI Enrique Peña Nieto a peut-être été le plus jeune candidat
dans la course, mais il n'existe aucune preuve qu'il représente
réellement quelque chose de nouveau. « Au contraire, tout ce que
nous savons de lui suggère qu'il va ramener les pires traditions de
l'opacité, la corruption, et de l'intolérance » tranche Foreign Policy.
Source: Marianne 2
Via: Comparte tu Wifi
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